«NOS relations avec l’Iran étaient très étroites et bien ancrées dans le tissu social des deux peuples », notait un haut responsable des affaires étrangères israélien au lendemain du retour de l’ayatollah Ruhollah Khomeiny dans son pays en 1979. A l’époque, Téhéran apparaissait comme un interlocuteur naturel (retenez bien ce mot « naturel » vous comprendrez quelque chose plus bas), aussi bien à Tel-Aviv qu’à Washington. Bien des années plus tard, les décideurs politiques occidentaux, Israéliens en tête, considèrent l’Iran comme une menace. Et si leur revirement reposait sur une mauvaise lecture de la révolution islamique ?

Pour David Ben Gourion, son fondateur, l’Etat d’Israël faisait partie de l’Europe et non du Proche-Orient, où il se trouvait par « accident géographique. (…) Nous n’avons pas de liens avec les Arabes. Notre système politique, notre culture, nos relations ne sont pas les fruits de cette région. Il n’y a pas d’affinités politiques entre nous, ni de solidarité internationale (1).  »

Par ailleurs, Ben Gourion voulait convaincre Washington que son pays représentait un atout stratégique au Proche-Orient. Mais le président américain Dwight Eisenhower (1953-1961) préféra ignorer ces prétentions, convaincu que les Etats-Unis étaient mieux à même de défendre leurs intérêts sans l’aide israélienne.

COMMENT DESTABILISER UN PAYS SANS SE FAIRE REMARQUER

En réponse à ces rebuffades, le numéro un israélien élabora le concept d’« alliances périphériques ». Celles-ci visaient à contrebalancer le poids des Etats arabes en se rapprochant de l’Iran, de la Turquie et de l’Ethiopie. Il entendait ainsi renforcer la capacité dissuasive de son pays, réduire son isolement et inciter la diplomatie américaine à le percevoir comme un « atout ».

Parallèlement à cette doctrine, Ben Gourion développa une autre idée : celle de l’« alliance des minorités ». Pensant non seulement aux Turcs et aux Perses, mais aussi aux Juifs, aux Kurdes, aux Druzes, aux chrétiens maronites du Liban, etc., il prétendait que la majorité de la population proche-orientale n’était pas arabe. Il fallait donc encourager le désir d’autonomie nationale et créer des îlots d’alliés dans un océan de nationalisme arabe.

C’est dans ce contexte que se forgea l’alliance « #naturelle » avec l’Iran. Dans son livre Treacherous Alliance (2), l’universitaire Trita Parsi examine les aspects concrets de la coopération d’Israël avec le régime du chah, en particulier l’aide militaire apportée aux insurgés kurdes d’Irak entre 1970 et 1975 dans le but d’affaiblir ce pays. Israël et l’Iran partageaient un sentiment de supériorité culturelle vis- à-vis des nations arabes, même si cette connivence avait ses limites : le chah, souverain d’un pays musulman, insistait pour que ces relations restent discrètes, suscitant l’agacement de Tel-Aviv.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, ces affinités perdurèrent après la révolution iranienne, incitant même des responsables israéliens de droite — notamment le premier ministre Menahem Begin — à tendre la main aux nouveaux dirigeants de Téhéran. Le pragmatisme de l’ayatollah Khomeiny en politique étrangère justifiait leur position : agressés par des Arabes hostiles — la guerre avec l’Irak avait commencé en septembre 1980 —, les Iraniens ne comprenaient que trop bien la nécessité d’une relation amicale avec Israël et les avantages technologiques qu’ils pouvaient en attendre, notamment en matière d’armements.

Pendant que nous sommes dans des faux débats et des guerres vaines le peuple Israélien était dans une dynamique de logique périphérie si « profondément ancrée » dans la mentalité israélienne qu’elle était devenue « instinctive ». A tel point qu’Israël persuada les Etats-Unis de fournir des armes à Téhéran au milieu des années 1980, prélude au scandale de l’« Irangate ».

UN PETIT DETOUR POUR COMPRENDRE CE QU’ON APPELLE ETAT VOYOUX

L’affaire Iran-Contra ou Irangate est un scandale politico-militaire survenu aux États-Unis dans les années 1980 pendant le second mandat de l’administration #Reagan.

En 1986, les médias ont dévoilé que le gouvernement de Ronald Reagan avait vendu des armes à l’Iran, un pays ennemi des #États-Unis, en échange d’otages américains détenus au Liban. Les sommes récoltées par cette vente ont servi à financer la Contra, un mouvement d’opposition armé au Nicaragua. La politologue Karine Prémont raconte la saga politique de l’affaire Iran-Contra.

En décembre 1983, le groupe islamiste Hezbollah enlève six (retenez bien six) Américains au Liban. En mars 1984, on prend aussi en otage le chef de la CIA (ça fait sept otages) à Beyrouth. Le président Reagan refuse officiellement de payer la rançon demandée ou d’échanger des prisonniers, bien qu’il soit ému par ces événements. Les membres du Conseil de sécurité nationale (National Security Council ou NSC) concoctent alors un plan pour libérer les otages.

Le principal artisan du plan, le conseiller à la sécurité nationale Robert McFarlane, souhaite ramener l’influence américaine au Moyen-Orient par la vente d’armes à l’Iran en échange d’otages. Son successeur, John Poindexter, se contente de suivre la procédure déjà établie.

RONALD REAGAN APPROUVE LA VENTE D’ARMES À L’IRAN

En juillet 1985, Robert McFarlane dévoile à Ronald Reagan son plan pour libérer les otages. Le président approuve la vente de matériel militaire en Iran en échange d’otages. Il ne sait toutefois pas ce qui sera fait avec l’argent (c’est ce qu’ils disent ou sont passé tous les services de renseignements ?).

Les transactions commencent au mois d’août 1985 avec l’intermédiaire (entendre par là l’incitation) du gouvernement d’Israël et de Manucher Ghorbanifar, un ami du premier #ministre iranien. Dans les mois qui suivent, malgré la livraison de missiles à l’Iran, les États-Unis obtiennent la libération de seulement trois otages (où sont passé les quatre autres ?).

DES TRACTATIONS ILLÉGALES

Le lieutenant-colonel Oliver North, un membre du Conseil de sécurité nationale, s’occupe d’investir les sommes récoltées par la vente d’armes dans un fonds secret situé en Israël. L’argent récolté sert à #financer la Contra, un mouvement d’opposition au président nicaraguayen Daniel Ortega. Or, le droit international et les lois américaines interdisent ce type de tractations.

Le 13 novembre 1986, 10 jours après l’éclatement de l’affaire Iran-Contra, Reagan nie avoir échangé des armes contre la libération d’otages américains. Quelques mois plus tard, après la tenue d’une commission d’enquête, il finit par admettre que cet échange a bien eu lieu et que l’argent tiré des ventes d’armes a servi à financer la Contra.

Dans le gouvernement très très démocratique des États-Unis de la grande #Amerique, on se retrouve avec quatorze conseillers de Reagan impliqués dans le scandale Iran-Contra  jusqu’au cou et sont accusés de mensonge, d’obstruction à la justice, de destruction de documents et de conspiration.

En mars 1987, le #président demande pardon aux Américains pour les avoir induits en erreur dans son discours précédent. Ses excuses lui permettront d’être pardonné pour son inconscience des actions illégales de son entourage.

REVENONS AU CAS DE L’IRAN ET ISRAEL

La victoire électorale de Menahem Begin (Premier ministre d’Israël de juin 1977 à octobre 1983 . Begin négocie les accords de paix de Camp David avec le président égyptien Anouar el-Sadate) et de la droite, en 1977, avait consacré une vision plus radicale que celle des travaillistes : les conceptions du dirigeant sioniste révisionniste Vladimir Zeev Jabotinsky s’imposaient.

VOICI COMMENT UN PEUPLE DÉTERMINE SA PUISSANCE DE DOMINATION

Ce dernier, dans son fameux article de 1923 sur le « mur de fer », affirmait qu’une entente avec les Arabes était impossible : « C’est seulement lorsqu’il n’y aura plus d’espoir de se débarrasser de nous (…), ce n’est qu’à ce moment-là (…) qu’ils laisseront tomber leurs leaders extrémistes. [Et des modérés émergeront qui] accepteront des concessions mutuelles. » Comme Jabotinsky Vladimir Zeev Jabotinsky, Menahem Begin pensait qu’Israël n’avait pas d’autre choix pour s’imposer que son hégémonie militaire — avec le soutien américain, bien sûr.

Simultanément, la droite tentait de mettre en œuvre la stratégie de l’« alliance des minorités » dans la région. En 1982, M. Ariel Sharon déclencha l’invasion du Liban dans le but de chasser l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et d’installer un pouvoir maronite à Beyrouth — infligeant ainsi à la Syrie une défaite écrasante.

Stratégie dangereuse et mauvais calcul, puisqu’elle précipita le déclin des maronites et donna un coup de fouet à la mobilisation chiite dans le Sud et dans la plaine de la Bekaa, d’où émergea le Hezbollah. Le réveil des minorités allait se retourner contre Israël…

QUELLE CONCEPTION DE LA MODERNITÉ ?

Parallèlement à l’échec de l’aventure libanaise, les relations d’Israël avec la périphérie — tout du moins avec l’Iran — déclinaient. Ce tournant résultait d’une mauvaise lecture, d’ailleurs partagée par les Etats-Unis : la révolution islamique, perçue comme une rupture dans le récit occidental d’une progression historique de l’arriération vers une modernité laïque, était considérée comme une aberration que le temps se chargerait de corriger. On pensait que le fondement idéologique de la révolution islamique était « creux » et que les « pragmatiques » la remettraient bientôt sur le droit chemin du progrès matériel — seule option envisageable pour les Occidentaux. Tel-Aviv et Washington cherchaient donc fébrilement des « modérés » et des signes de pragmatisme à Téhéran… Ceux qu’envoyaient les dirigeants iraniens en matière de politique étrangère ne faisaient que renforcer l’idée selon laquelle ce « pragmatisme » se traduirait à terme par une alliance avec Israël.

Les citoyens africains doivent connaître la chose géopolitique essentiellement les négociants. Pour ne pas être à l’image de nos diplômés qui ne comprennent rien du monde et pensent naïvement que le monde s’arrête à leur pays ou à leur zone territoriale nous sommes  dans un monde ou un événement apparemment sans importance qui se déroule en Australie peut avoir de très forte perturbations dans l’existence d’un africain vivant dans un village au fond du Congo.

C’est ce qu’Edward Lorenz appelle par leffet papillon qui est matérialisé par une chaîne dévénements qui se suivent les uns les autres et dont le précédent influe sur le suivantAinsion part d’un événement insignifiant au début de la chaîne pour arriver à une chose catastrophique (ou du moins très différente de la premièreà la fin.

Dans un précédent article j’expliquais la complexiste qui existe dans cette région du monde https://www.facebook.com/TheJungleCMR/posts/102054908348501

En réalité, l’exigence d’une « modernité » matérialiste à l’occidentale était ce que refusaient le plus les dirigeants iraniens, soucieux de voir triompher une autre conception de la modernité par laquelle les musulmans définiraient leur avenir politique et social. Mais, si les responsables au pouvoir à Téhéran s’opposaient totalement à la vision de la société portée par les Occidentaux ainsi qu’à leurs efforts pour propager dans la région une culture laïque, matérialiste et économiquement libérale — nombre d’Iraniens jugeaient cette approche archaïque et imprégnée de relents colonialistes —, cela ne signifiait en rien qu’ils voulaient écraser Israël.

La révolution n’avait pas d’ambition régionale agressive. Elle ne menaçait pas Israël ou les Etats-Unis sur un plan militaire conventionnel. Lire ceci  https://www.startupane.com/quand-deux-ennemis-jures/

En 1988, au terme d’une guerre chaotique et absurde de huit ans ou les USA se servaient de l’Irak pour destabiliser l’Iran voir le texte ici https://www.facebook.com/TheJungleCMR/posts/102054908348501, l’Iran signa un cessez-le-feu avec l’Irak. Dans les années 1990-1992, deux événements eurent un retentissement sur toute la région : l’effondrement de l’Union soviétique et la défaite de Saddam Hussein pendant la première guerre du Golfe (1990-1991). Ainsi disparurent en même temps la menace russe sur l’Iran et la menace irakienne sur Israël. Téhéran et Tel-Aviv étaient désormais rivaux dans la région, à l’heure où les Etats-Unis s’affirmaient comme une superpuissance unique et incontestable.

« L’Iran doit être identifié comme l’ennemi numéro un », déclara au New York Times M. Alpher, alors conseiller de Rabin. Dès lors, Israël et ses alliés en Amérique ne cessèrent d’accuser Téhéran de chercher à développer l’arme nucléaire. M. Shimon Pérès avertit la « communauté internationale » que l’Iran posséderait la bombe atomique en 1999.

Pourtant, plusieurs membres de l’administration Clinton et un certain nombre de personnalités de l’establishment israélien restaient sceptiques.

Ancien officier des services de renseignement israéliens, M. Shlomo Brom expliqua à Parsi, sur un ton ironique : « Souvenez-vous que les Iraniens sont toujours à cinq ou sept années de la bombe. Le temps passe, mais ils restent toujours à cinq ou sept années de la bombe. » En 2009, les Iraniens sont encore, selon les services de renseignements américains, « à cinq ou sept années de la bombe »… une façon de dire que les iraniens n’ont pas de technologie adéquate pour développer une bombe atomique mais son ancien allie Israël est dans une campagne de dénigrement et de dénonciation international, preuve que en matière de relations international tout peut basculer du jour au lendemain.

 

Israël après avoir décidé de négocier avec la Palestine, et sachant que les choses iraient mal pendant les négociations avec Yasser Arafat, car il faut le dire, il était très malade et affaibli par la guerre du Golfe de 1990-1991.
Pour détourner l’attention pendant la négociation avec la Palestine, Itsack Rabin et Shimon Pérès utilisent alors une technique de diversion très simple, ils ont commencé la diabolisation de l’Iran, c’est comme ça qu’ils détournent l’énergie du lobby juif, américain : ainsi, pendant que ce dernier se concentrait sur la menace mortelle que représenterait Téhéran, au lieu de s’en prendre aux leaders israéliens qui entre temps avaient « dîné avec l’ennemi » (l’OLP) comme quoi ce que nous voyons a la tee n’est que la façade et ce qu’on veut nous faire voir une bonne manière de nous manipuler.

Les Etats-Unis développèrent une stratégie parallèle : susciter le réalignement pro-occidental de certains Etats arabes mobilisés contre les ennemis situés à la « périphérie » — des barbares s’attaquant aux valeurs, aux institutions et aux libertés de la civilisation occidentale, en premier lieu l’Iran. Cette stratégie connut une accélération avec la victoire de M. George W. Bush en novembre 2000.

« Accord global » entre Téhéran et Washington
Le pouvoir américain serait l’instrument qui allait « sonner le glas de la révolution iranienne », selon la formule utilisée par William Kristol, un éminent commentateur conservateur, en mai 2003. La défaite iranienne permettrait de faire d’une pierre deux coups : elle affaiblirait le moral des Arabes et des musulmans en même temps que les forces de la résistance islamiste. Les Arabes deviendraient dociles, et tout le Proche-Orient basculerait, comme autant de dominos.

Ce texte a pour objectif de démontrer aux uns et aux autres que le monde n’est pas de nous voyons, nous vivons dans un monde en guerre ou les accords ne dépendent que de ceux qui les signent et respectent. Et tous nos négociants doivent connaître ces principes afin de mieux affronter les éventuels partenaires.

 

Ernest TCHAKOUTE (Coach Ben)

Douala le 21/05/2021 — 21h55