Historique
Lors de sa mise formelle sous protectorat par les Britanniques en 1885, le Bechuanaland n’est que l’arrière-cour semi désertique de l’Afrique du Sud, et le rôle du gouvernement se limite essentiellement à contrôler les tensions qui opposent les locaux (essentiellement des Shonas) aux colons ndébélés et boers. Le seul projet industriel d’envergure est l’attribution d’une bande de terre à Cecil Rhodes pour la construction du chemin de fer Le Cap-Le Caire vers la fin du xixe siècle.
Lorsque le Botswana accède à l’indépendance le 30 septembre 1966, sa capitale Gaborone n’est guère qu’un village de quelques milliers d’âmes, une poignée de kilomètres de routes seulement dans tout le pays sont goudronnées, et l’on n’y trouve que deux écoles secondaires offrant un cycle complet de 5 ans, comptant 80 élèves en tout et pour tout.
La seule « richesse » du pays, essentiellement couvert par le désert du Kalahari, est alors l’élevage extensif de bovins. Les choses changent de manière radicale à partir de juillet 1971 avec l’ouverture par la compagnie sud-africaine De Beers de la plus grande mine de diamants du monde à Orapa.
À partir de ce moment, et soutenue par les investissements étrangers et un gouvernement efficace et transparent, la croissance du produit intérieur brut s’est maintenue aux alentours de 8 % annuellement jusqu’à la fin des années 1990.
Entre les recensements de 1985–86 et 2002–03, la proportion de la population sous le seuil de pauvreté absolue a ainsi pratiquement diminué de moitié (de 57 % à 30 %).
Avec la stabilisation prévue de la production de diamants, le gouvernement botswanais a commencé depuis le début des années 2000 à prendre des mesures pour diversifier plus sérieusement l’économie et la rendre moins dépendante du secteur minier, notamment avec l’externalisation des services et le tourisme, ce dernier représentant 5 % du PIB et 1 emploi sur 10.
Les rythmes de croissance économique connus depuis 2000 était en ralentissement comparativement aux précédentes années, de l’ordre de 4 % par an. La crise financière de 2007-2010 a eu des conséquences importantes sur la croissance du Botswana, avec une contraction de plus de 10 % du PIB en 2009 selon le FMI, avec probablement une amélioration notable de la situation dans le futur
Ressources naturelles
Il a souvent été postulé que l’abondance de ressources était pour un pays autant voire plus une malédiction qu’une réelle chance : cela est vrai pour les pays développés, mais plus encore pour les pays pauvres, où la richesse du sous-sol semble influer négativement sur la stabilité du pays ainsi que sur la fréquence des conflits armés qui s’y déroulent (on pensera notamment au Liberia ou à la République démocratique du Congo). Le Botswana semble pourtant avoir échappé à cette « malédiction des ressources »: alors que son sol est pauvre à l’extrême en surface, le sous-sol renferme des quantités appréciables de minéraux, le secteur est dominé par la production de diamants et, dans une bien moindre mesure, celle de nickel–cuivre et de natron.
De par sa structure de production peu intensive en main-d’œuvre, le secteur minier est à la fois une richesse pour le pays -les revenus combinés du diamant et du nickel-cuivre passant de zéro à l’indépendance à 90 % des exportations à la fin des années 1980 (avec un trou en 1981, année de dépression pour le marché mondial du diamant)- et une enclave séparée du marché de l’emploi : la part de la population active employée dans le secteur n’a jamais dépassé les 10 % (au début des années 1980) et se maintient aujourd’hui aux alentours de 5 %. Deux compagnies minières, Debswana (une société mixte formée à égalité par le gouvernement et la Sud-Africaine De Beers) et Bamangwato Concessions Ltd. (également détenue en partie par le gouvernement botswanais) gèrent les immenses ressources minérales du pays. Lors d’un recensement opéré en août 2004, il est apparu que 64 compagnies se partageaient un total de 556 licences de prospection, dont 432 concernaient le diamant ou des pierres précieuses
Diamants
Après l’extension de la mine d’Orapa (Orapa 2000), Debswana a négocié en 2004 un renouvellement pour 25 ans de ses concessions d’exploitation. Si la participation du gouvernement dans Debswana se limite à 50 % du capital, la part des profits qui lui revient est de 75 à 80 %.
La compagnie De Beers ouvrit la première mine à Orapa en 1972, après avoir payé en 1969 20 millions de dollars pour la licence d’exploitation: en quatre mois cet investissement était déjà couvert par les profits générés par la mine. Un juriste envoyé au gouvernement du Botswana par la Banque mondiale insista pour la renégociation du contrat de licence, soulevant l’opposition du cartel qui obtint de la Banque qu’elle déclare que l’avocat n’agissait pas en son nom. La découverte d’un second gisement renforça cependant la position du gouvernement, et l’accord fut effectivement renégocié.
Quatre exploitations sont aujourd’hui en activité : après Orapa (découverte en 1967, ouverte en 1972) vint Letlhakane (1975), puis Jwaneng en 1982, considérée aujourd’hui comme le gisement le plus riche du monde. Damtshaa a pour sa part démarré ses opérations en 2002. Second producteur de diamants au monde (après l’Afrique du Sud) avec 30 millions de carats (soit 6 000 kilogrammes, près du quart de la production mondiale en 2004) pour les seules mines gérées par Debswana, le Botswana est grâce à la qualité de ses pierres le premier producteur mondial en valeur absolue. Grâce aux profits quasi monopolistiques réalisés par De Beers sur les marchés mondiaux, les revenus du diamant sont à la fois stables et élevés
Nickel, cuivre et autres minerais
L’extraction de ces deux métaux est entre les mains de BCL (compagnie en partie détenue par l’État et qui a subi des pertes d’exploitation chroniques) et Tati Nickel Mining Co. (filiale d’une compagnie canadienne, LionOre Mining Ltd.), les gisements étant situés dans la région de Selebi-Phikwe. Le minerai extrait, un agrégat de nickel, chrome et cuivre, est ensuite envoyé pour raffinage en Norvège et au Zimbabwe.
Tati utilisant jusqu’en 2004 la fonderie de BCL, l’extension de ses opérations et l’acquisition d’un site de transformation propre à la compagnie devrait entraîner une augmentation des volumes disponibles pour BCL, qui après de sévères restructurations commence depuis les années 2000 à dégager des bénéfices. Le lancement par BCL de nouvelles prospections devrait permettre d’utiliser les capacités nouvellement libérées. BCL produit également près de 250 000 tonnes de natron par an, mais les rendements semblent s’orienter vers une diminution. De plus, la faible population locale ne pouvant soutenir la consommation de verre produit localement, l’essentiel du minerai est exporté.
Enfin, environ 170 kg d’or ont été extraits du sol botswanais (Mupane, région de Francistown) en 2004. Des projets d’exploration et de recherche de plomb, argent, et zinc ont été menés et se sont révélés fructueux dans la zone de Kihabe (700 km au nord de Gaborone)